mardi 15 avril 2008

complexité,interdépendance, subjectivité et liberté.

On considère un échiquier entouré de parois transparentes. On positionne une puce sur une case. Celle-ci va sauter dans tous les sens et au bout d'un certain temps, va revenir sur sa case de départ. On positionne maintenant 100 puces sur l'échiquier. Elles vont sauter dans tous les sens, chacune va regagner sa position de départ au bout d'un moment, deux vont peut-être la regagner au même moment, mais les 100? Le temps qu'il faudrait attendre pour les voir regagner leur position initiale en même temps tend vers l'infini. On dit donc qu'il n'y a pas de retour. Nous sommes dans le cas d'un système complexe lors de dépendance sensitive des conditions initiales ( théorie du chaos).
Ci-dessus, nous avons traité le cas des puces, en considérant qu'elles se déplaçaient indépendamment les unes des autres, et sans considérer leur dynamique interne. Le système complexe a donc été défini en dehors des interactions (internes et externes). Cela ne change pas le "non retour"( au contraire) mais complexifie le système en ajoutant des paramètres interdépendants, et des conditions initiales.
Appliquons maintenant ce schéma à l'être humain. Il est énormément plus complexe que la puce, par la quantité et la "qualité" de ses constituants ( dynamique interne), son environnement, par la quantité, est énormément plus complexe que l'échiquier et 99 puces (interactions externes), et ces interactions externes-mêmes, par leur qualité, sont souvent beaucoup plus complexes que des puces ( autres Hommes, etc...)
On constate que l'être humain est lui-même une interaction, et qu'il interagit avec d'autres interactions. C'est un rapport statistique par opposition à la nécessité ( qui dit qu'à une cause précise correspond une unique conséquence) .Autant dire qu'il n'y a pas de retour, donc que chacun est unique, ceci amène donc au concept de subjectivité.
La subjectivité ne s'oppose donc pas au déterminisme régional mais au déterminisme universel (Laplacien). De ce fait, on peut en conclure que l'Homme est libre, non pas parce-qu'aucune loi ne régit ses parties, mais parce-que lui est plus que le somme de ses sous -parties ( l'interaction en plus), et qu'il évolue dans le temps, en fonction de paramètres dont on ne peut dire qu'ils le déterminent mais l'influencent. Il y a des effets, non des causes. Cette évolution dans le temps implique des choix qui font que l'Homme qui les fait est responsable.
On peut donc poser la question : pourquoi fait-il ce choix et pas un autre ? Justement parce-que c'est lui-même qui le fait et pas un autre, et qu'en fonction de ses choix passés et de toutes ses interactions passées et présentes, il s'est construit d'une certaine manière, unique. Cela veut dire que personne ne fait vraiment le même choix, dans le sens où une situation n'est pas un état donné, mais la partie d'une évolution propre à chacun.
Une autre chose peut venir à l'esprit, si je n'ai pas été clair sur la porté globale du paragraphe précédent. La question du cerveau. On peut avoir tendance à dire que "le cerveau pense" en se demandant pourquoi il pense ça et pas autre chose ? C'est parce c'est vous qui pensez, et que votre pensée s'est forgée en fonction de son environnement, (dont le reste de votre corps fait partie), et dans une certaine mesure en fonction de vos choix passés, si on considère un environnement passé. Mais alors quel serait le choix de départ qui détermine les autres ? Il n'y a pas vraiment de choix de départ, parce-qu'il y a deux environnements ( disons temporel et spatial), et que l'infini de leurs interactions complexes empêche aussi bien théoriquement que pratiquement de parler de départ. Disons que ce n'est pas ponctuel mais continu, et qu'on ne peut pas sélectionner un "morceau d'existence" sans fausser la personnalité de l'individu.

Voilà, n'hésitez pas pour les remarques, questions, objections, etc... Il ne me semblait pas inutile de me répéter parfois, même si ça pouvait être trop. Prochainement, pour compléter cet article : -l'utilité de la liberté,
-la liberté, l'enfant, le psychopathe et l'animal
-l'infini